Une jeune femme de 21 ans, femme de ménage et sans antécédents particuliers, consulte pour des lésions prurigineuses. Pas de notion d’atopie personnelle ou familiale.
Quel est votre diagnostic ?
Explications ci-dessous.
La dermatite herpétiforme est une dermatose bulleuse auto-immune rare associée généralement avec la maladie cœliaque, se manifestant par une éruption microvésiculeuse très prurigineuse des fesses et des faces d’extension des membres. La biopsie confirme le diagnostic (micro-abcès de polynucléaires neutrophiles au sommet des papilles dermiques, dépôts granuleux d’IgA à la jonction dermo-épidermique en immunofluorescence directe). Le bilan comprend, outre un bilan de malabsorption et la recherche d’anticorps circulants anti-endomysium et anti-transglutaminase, une endoscopie digestive haute avec biopsies duodénales pour rechercher une maladie cœliaque.
La dermatite atopique de l’adulte est souvent une dermatose grave. On retrouve la notion d’atopie personnelle et familiale (asthme, rhinite, conjonctivite, allergie alimentaire). Il s’agit de plaques d’eczéma chronique, rouges, épaisses, lichénifiées, avec parfois des papules isolées de prurigo. Sur ce fond d’eczéma chronique, surviennent des poussées aiguës, vésiculeuses ou suintantes. Le prurit est toujours intense, retentissant sur la vie quotidienne. Les localisations sont différentes de celles de la dermatite atopique infantile : les mains et le visage (paupières) sont le plus souvent atteints, ainsi que les grands plis. Si les poussées inflammatoires touchent la totalité de la peau, on parle d’érythrodermie (forme grave, pouvant se compliquer d’infections et de troubles métaboliques).
L’érythème polymorphe se manifeste par de lésions en cocarde typiquement composées de trois zones concentriques, sans desquamation. Les lésions sont souvent localisées au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds et parfois au niveau de la muqueuse intrabuccale, mais pas en premier lieu au niveau des zones exposées au soleil.
La porphyrie acquise (cutanée tardive) se caractérise typiquement par la coexistence de croûtes hémorragiques, érosions, cicatrices atrophiques, défauts de pigmentation et grains de milium post-bulleux, ce qui fait défaut dans le cas présent.
La photodermatose polymorphe provoque généralement des lésions papulo-vésiculeuses, très prurigineuses. Le dos des mains est rarement touché.
C’est une réaction cutanée liée à l’exposition à des substances allergisantes ou irritantes. Les lésions sont limitées aux endroits où la peau a été en contact avec la substance déclenchante. On en distingue deux types :
Eczéma de contact allergique : dermatose inflammatoire très fréquente, due à une sensibilisation à des substances en contact avec le revêtement cutané, suivie d’une réaction immunitaire qui fait intervenir l’hypersensibilité retardée.
Eczéma de contact irritatif : pas d’origine allergique, il est lié à l’irritation produite par des irritants physiques et/ou chimiques (tableau).
À l’œil nu, il est très difficile de différencier les deux types d’eczéma de contact. Généralement, on s’appuie sur un faisceau d’arguments anamnestiques et cliniques (voir le tableau ci-dessous). Quel que soit le mécanisme, les manifestations cliniques varient entre vésicules et bulles locales sur peau érythémateuse aux stades aigus, et plaques érythémateuses lichénifiées aux stades chroniques. Les patch-tests sont indiqués pour identifier l’allergène en cause. L’évolution est chronique, et le traitement repose principalement sur les dermocorticoïdes et l’éviction de l’allergène. Si étiologie professionnelle : arrêt de travail et déclaration en maladie professionnelle indemnisable.
Chez cette patiente, il s’agit d’un eczéma de contact irritatif faisant suite à l’utilisation de nouveaux détergents lors de ses heures du travail.
Attention : S’il y a une surinfection, il faut la traiter en 1er, avant l’allergie (les corticoïdes sont contre-indiqués, surtout locaux, en cas d’infection +++).
Pour en savoir plus :
Bottais G. L’eczéma : exemple de l’eczéma de contact des paupières. Sciences pharmaceutiques 21 juin 2017.
Bahadoran P, Picard A, Mantoux F, et al. Dermatologie vénérologie. Vernazobres Grego éditions, Paris, 8e édition, 2016.
Par le Dr Fatima Oulhouss, médecine interne, CHP Inezgane, Maroc.