Que faire pour la 2e dose chez les moins de 55 ans qui ont déjà reçu une 1re injection d’AstraZeneca ?

 

 
Depuis le 19 mars, la recommandation de la HAS est de réserver le vaccin d’AstraZeneca aux personnes âgées de 55 ans et plus. Celles de moins de 55 ans éligibles à la vaccination reçoivent depuis un vaccin à ARNm (Pfizer ou Moderna).
 
Mais que faire chez les plus de 500 000 personnes (< 55 ans) qui ont déjà reçu une première dose d’AstraZeneca il y a 3 mois ?
 
L’efficacité vaccinale étant insuffisante avec une seule dose, la HAS a annoncé le 9 avril que celles-ci devaient recevoir une seconde dose avec un vaccin à ARNm (Pfizer ou Moderna) dans les 12 semaines suivant la première injection d’AstraZeneca, selon un schéma de type « prime-boost hétérologue » (pour rappel, ces trois vaccins, comme tous ceux actuellement utilisés contre la Covid, ciblent le même antigène, la protéine Spike). 
 
Ce type de schéma vaccinal est une méthode déjà utilisée dans le développement d’autres vaccins (VIH, Ebola…), dans des études de phase I et II chez l’homme. 
Dans le cas du SARS-CoV-2, il a aussi montré des résultats encourageants (en étude preprint) sur modèle murin, avec une première dose de vaccin à ARN et une deuxième de vaccin à vecteur viral. Selon ces résultats, les titres d’anticorps neutralisants après un prime-boost hétérologue étaient au moins comparables, voire supérieurs, aux titres mesurés après un prime-boost homologue avec des vecteurs viraux. Quant à la réponse immunitaire cellulaire dans le schéma hétérologue, elle était dominée par les cellules T cytotoxiques et les cellules T CD4 Th1+, une réponse supérieure à celle induite par les schémas de vaccination homologues. Par ailleurs, le prime-boost hétérologue (avec deux vaccins à vecteurs viraux différents) est déjà utilisé dans le cadre de la Covid par le vaccin Sputnik, avec d’excellents résultats en phase III.
 
 
Selon la Pr Élisabeth Bouvet, présidente de la commission technique des vaccinations, ce schéma hétérologue, avec deux vaccins à techniques différentes, aurait, de plus, un avantage en termes de réponse immunitaire : si pour la 2e injection on utilise un vecteur non viral, cela pourrait augmenter l'efficacité de la vaccination en limitant le risque d’immunité contre ce vecteur viral (utilisé dans la première injection). En effet, lorsqu’un vecteur adénoviral est utilisé (comme c’est le cas du vaccin d’AstraZeneca), la première injection (« prime ») peut provoquer une réponse contre le vecteur, qui peut atténuer, lors du « boost » (2e injection), la réponse contre la protéine Spike du SARS-CoV-2, donc l’effet du vaccin. L’approche de combiner deux vecteurs différents permet d’éviter cette problématique d’immunité antivectorielle, et a déjà été utilisée pour le développement d’un vaccin contre Ebola par le même centre de recherche ayant développé le vaccin Sputnik (Gamaleya), par exemple.
 
Quant à l’étude de l’efficacité d’une telle stratégie, la HAS a précisé que des cohortes seraient mises en place à la suite de l’administration de la 2e dose chez les personnes concernées. 

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