Cancer : jeûner est-il bénéfique ?

Le jeûne – arrêt complet de l’alimentation sans restriction hydrique pendant une durée variable et de manière répétée ou non (jeûne intermittent) – est pratiqué par de plus en plus de patients, en prévention des cancers mais aussi pendant les chimiothérapies. Pourquoi cet engouement ?
Il faut savoir que, chez les rongeurs, les bénéfices d’une restriction calorique et du jeûne intermittent sont connus depuis de nombreuses années : les souris nourries avec 25-30 % de calories en moins vivent plus longtemps que celles ayant une alimentation normale et développent moins de cancers. Chez les souris atteintes de cancer, les résultats sont spectaculaires : le jeûne diminue les effets secondaires de la chimiothérapie et la rend beaucoup plus efficaces, sensibilisant les cellules cancéreuses au traitement. Le principe : en jeûnant, on ne nourrit pas les cellules tumorales, qui ont des besoins nutritionnels importants et se multiplient plus rapidement que les cellules normales.
Mais attention : chez l’homme, il n’existe pas de preuve scientifique avérée sur le bénéfice du jeûne ou des régimes restrictifs ni en prévention ni pendant la maladie. Une expertise collective du Réseau national alimentation cancer recherche (NACRe) a même pointé un rôle délétère, car ces pratiques pourraient augmenter le risque de dénutrition et de perte de masse musculaire (sarcopénie), qui sont des facteurs de mauvais pronostic du cancer. Il faut donc déconseiller ces régimes à vos patients. Si, malgré tout, ils veulent les « essayer », il est important d’en informer l’oncologue (il faut idéalement les pratiquer sous surveillance médicale stricte). Des dépliants d’information, destinés aux patients, sont disponibles sur le site web du Réseau NACRe : https://www6.inrae.fr/nacre/Le-reseau-NACRe/Publications/Depliant-NACRe-grand-public-patients-jeune-cancer.
 
Cinzia Nobile, La Revue du Praticien
 
Pour en savoir plus :
Träger S. Que penser des pratiques non conventionnelles dans la prise en charge des cancers ?  Rev Prat 2020;70(3);252-56.
Latino-Martel P, Srour B, Ginhac J, et al. Pendant et après un cancer : repérer les situations nutritionnelles à risque.Rev Prat 2021;71(2);155-9.
NACRe. Dépliant grand public et patients « Jeûne et cancer ». 26 mars 2021.

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