Vous recevez en urgence Mme X., 34 ans, G2P1 (un accouchement par voie basse et une interruption volontaire de grossesse) qui consulte aux urgences gynécologiques pour des douleurs pelviennes hypogastriques évoluant depuis une semaine, pour lesquelles elle n’a pas pris d’antalgique.

Elle n’a pas d’antécédent médical ni d’allergie connue. Elle a bénéficié d’une avulsion des dents de sagesse et d’une appendicectomie dans l’adolescence.

Par ailleurs, elle n’a pas de métrorragies, pas de leucorrhées, pas de signes fonctionnels urinaires.

Sa pression artérielle est à 123/67 mmHg, un pouls à 78 bpm, une température à 37,6 °C.

À l’examen clinique, vous retrouvez un abdomen souple et dépressible, sensible en hypogastre. Au spéculum, vous visualisez un col sain, sans leucorrhées ni métrorragies. Au toucher vaginal, vous reproduisez la douleur à la mobilisation. 

Biologiquement, vous retrouvez une hémoglobine à 12,7 g/dL, des leucocytes à 11 G/L, des plaquettes à 247G/L, une protéine C réactive (CRP) à 22 mg/L et une β-hormone chorionique gonadotrope (β-HCG) négative.

Vous faites une échographie pelvienne qui retrouve un utérus antéversé avec un endomètre épaissi de 5 mm, des ovaires droit et gauche sans anomalie. Il n’y a pas d’épanchement dans le cul-de-sac de Douglas.
Question 1 - Quelle est votre principale hypothèse diagnostique ?
Le test de grossesse est négatif.
Devant le syndrome inflammatoire débutant avec la douleur qui est reproduite à la mobilisation utérine.
La douleur n’est pas latéralisée et il n’existe pas de kyste ovarien.
On note l’absence de kyste sur les ovaires, même affaissé, associée à un cul-de-sac de Douglas sec.
Il n’a pas été mis en évidence de fibrome.
Vous suspectez une infection génitale haute (IGH).
Question 2 - Quelle est votre attitude (une ou plusieurs réponses possibles) ?
Il s’agit d’une IGH non compliquée.
Il s’agit probablement d’une IGH, sans complication mise en évidence à l’échographie. Un traitement antibiotique par voie orale doit être instauré devant cette suspicion après réalisation de prélèvements locaux. 
Question 3 - À propos du traitement, quelles sont les bonnes réponses ?
La tri-antibiothérapie pour une IGH simple consiste, en première intention, en l’association de la ceftriaxone, la doxycycline et le métronidazole. Le traitement est prescrit pour une durée de 10 à 14 jours. 
La ceftriaxone, dans le traitement des IGH simple, est prescrit en dose unique de 1 g, par voie intraveineuse ou intramusculaire. La doxycycline et le métronidazole sont prescrits par voie orale.
Vous laissez rentrer la patiente avec le traitement antibiotique probabiliste pour une suspicion d’IGH simple et des antalgiques. 
Elle revient le lendemain pour des douleurs pelviennes plus intenses, latéralisées à droite, associées à des frissons. 
Sa pression artérielle est de 118/75 mmHg, un pouls à 108 bpm, une température à 38,7 °C. 
À l’examen clinique, vous trouvez une défense en fosse iliaque droite. Au toucher vaginal, la douleur est reproduite à la mobilisation utérine et en latéral droit. 
À l’échographie de l’utérus, vous retrouvez ces images (figures 1-4) :
Figure 1 (Noémie Makengo, La Revue du Praticien)
Figure 2 (Noémie Makengo, La Revue du Praticien)
Figure 3 (Noémie Makengo, La Revue du Praticien)
Figure 4 (Noémie Makengo, La Revue du Praticien)
Question 4 - À l’échographie, vous observez (une ou plusieurs réponses exactes) :
Sur la figure 1, nous voyons une échographie d’un utérus avec une hématométrie de 11 mm.
 
Figure 5 (Noémie Makengo, La Revue du Praticien)
Sur les figures 2 et 3, nous voyons deux ovaires d’aspect normal, sans kyste.
Sur les figures 2 et 3, nous voyons deux ovaires d’aspect normal, sans kyste.
Sur la figure 4, l’image polylobée en « roue dentée », comme des cloisons incomplètes, avec un contenu hétérogène, est évocatrice d’un abcès tubo-ovarien, aussi appelé pyosalpinx.
 
Figure 6 (Noémie Makengo, La Revue du Praticien)
Celui-ci est visible sur la figure 1.
À l’interrogatoire, elle vous rapporte une prise d’ibuprofène pour soulager ses douleurs, en plus des antalgiques que vous lui aviez prescrits.
Au bilan biologique, vous retrouvez une hyperleucocytose à 15,7 G/L, une hémoglobine à 12,5 g/dL, des plaquettes à 326 G/L, une protéine C réactive (CRP) à 187 mg/L. 
Vous récupérez les résultats des prélèvements vaginaux réalisés : 
– prélèvement standard négatif ;
– PCR (polymerase chain reaction) Chlamydia positive ;
– PCR gonocoque négative.
Vous évoquez une IGH compliquée d’un pyosalpinx.
Question 5 - Au regard de l’ensemble du tableau clinique, que proposez-vous (une ou plusieurs réponses possibles) ?
Inutile car on a une documentation et que la Chlamydia est un germe généralement sensible à la doxycycline ; on ne peut encore considérer l’échec du traitement avant 48 h de traitement bien conduit. La prise d’anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) a pu contribuer à l’aggravation.
Car complication (pyosalpinx).
Il s’agit maintenant d’une IGH compliquée d’un abcès tubo-ovarien. Le traitement recommandé en première intention est la ceftriaxone, la doxycycline et le métronidazole, avec de la gentamicine à adjoindre en cas de sepsis sévère, par voie intraveineuse initialement. Le traitement devra ensuite être adapté en fonction des résultats, et prescrits pour une durée de 14 à 21 jours.
Au  cours de l’hospitalisation dans le service, alors qu’elle est sous doxycycline, l’évolution est favorable avec une disparition de la fièvre et des douleurs, et une amélioration du syndrome inflammatoire. Lorsque vous la revoyez au décours de son hospitalisation, 15 jours plus tard, vous notez l’apparition d’un discret exanthème maculo-papuleux du tronc, sans atteinte muqueuse. L’antibiothérapie a été menée à terme, et elle vous dit prendre régulièrement de l’ibuprofène lorsqu’elle a des douleurs.
Question 6 - Au regard du tableau clinique, que proposez-vous (une ou plusieurs réponses possibles) ?
Les AINS ne sont pas recommandés dans un contexte d’infection bactérienne compliquée récente. Ils sont également potentiellement imputables même si la prise antérieure rend cela moins probable.
Inadapté à la situation clinique sans diagnostic et potentiellement risqué dans un contexte de toxidermie.
Dans le cadre du bilan d’infection sexuellement transmissible (IST) à réaliser devant toute IST dépistée.
Dans le cadre du bilan d’IST à réaliser devant toute IST dépistée.
Ce n’est pas une IST.
Une recherche d’IST doit être prescrite systématiquement devant une IGH. 
Devant l’apparition d’un exanthème, les principales hypothèses sont médicamenteuses (toxidermie), infectieuses (virales ou bactériennes) et inflammatoires (peu probable ici).
Le lendemain, son état clinique est inchangé, et vous récupérez les résultats de ses analyses : numération formule sanguine (NFS) plaquettes : strictement normales, ainsi que ASAT (aspartate aminotransférase), ALAT (alanine aminotransférase), gamma-glutamyl transférase (GGT) et phosphatases alcalines (PAL).
Sérologie immunodéficience humaine (VIH) 1 et 2 : négative.
Sérologie syphilis :
– test VDRL (venereal disease research laboratory) négatif ;
– test TPHA (treponema pallidum hemagglutinations assay) positif.
Sérologie hépatite B (VHB) :
– antigène HBs négatif ;
– anticorps anti-HBs positifs forts ;
– anticorps anti-HBc  négatifs.
Sérologie hépatite C (VHC) : négative.
En la réinterrogeant, elle vous avoue avoir déjà été traitée pour une syphilis il y a 2 ans (injection intramusculaire d’extencilline). 
Question 7 - Au regard de l’ensemble du tableau clinique, que proposez-vous (une ou plusieurs réponses possibles) ?
Inutile dans ce contexte ; des dermocorticoïdes pourraient être proposés en l’absence d’infection locale.
La sérologie syphilis est en faveur d’une infection guérie, le VDRL serait positif également en cas d’infection aiguë (il peut parfois être encore négatif lors de l’apparition du chancre mais pas lors d’une syphilis secondaire).
Il s’agit d’une sérologie vaccinale.
Inutile dans le contexte.
Pour identifier un potentiel médicament responsable.
Devant ce tableau clinique et avec ces résultats, l’hypothèse infectieuse semble peu probable. Une origine médicamenteuse doit être suspectée et explorée, tous les antibiotiques reçus, les antalgiques et les AINS sont potentiellement imputables.

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