Un homme de 75 ans arrive à votre consultation pour une baisse de l’acuité visuelle. Celle-ci est progressive depuis plusieurs mois et affecte la vision de loin. Elle concerne les deux yeux.

Il se plaint également d’éblouissements notamment lors de la conduite automobile nocturne. Paradoxalement, il trouve que son acuité visuelle de près est bonne.

À l’examen, vous retrouvez une acuité visuelle corrigée de l’œil droit de 6/10e P2, et de 5/10e P2 de l’œil gauche.

La pression intraoculaire à l’air est de 18 mmHg aux deux yeux.

L’examen à la lampe à fente retrouve des yeux blancs et indolores, une cornée claire, un test à la fluorescéine négatif, une chambre antérieure calme, un réflexe photomoteur normal et consensuel conservé, des opacités cristalliniennes bilatérales.

Le fond d’œil bilatéral ne retrouve pas de hyalite, pas d’atteinte maculaire ou rétinienne, pas d’atteinte vasculaire et pas d’atteinte du nerf optique (rapport cup/disc = 0,3 ODG).

Le patient présente comme antécédents une dyslipidémie traitée par statines, une hypertension artérielle traitée par inhibiteurs calciques et un antécédent familial chez son père de dégénérescence maculaire liée à l’âge.

Le patient ne rapporte pas de notion de traumatisme oculaire. Concernant son mode de vie, le patient fume 30 cigarettes par jour depuis l’âge de 20 ans environ.

Ci-joint la photographie suivante :

Question 1 : Le diagnostic le plus probable est :
Dans la DMLA exsudative, l’atteinte est rapide et s’accompagne d’une baisse d’acuité visuelle de près
Diagnostic le plus fréquent devant une baisse d’acuité visuelle de loin progressive
La baisse d’acuité visuelle est brutale, l’acuité visuelle est effondrée et le réflexe photomoteur direct est aboli
L’œil est rouge et douloureux, la baisse d’acuité visuelle est rapide
La cataracte se manifeste par une baisse d’acuité visuelle progressive essentiellement de loin avec une acuité visuelle de près conservée (sauf dans les cataractes sous-capsulaires postérieures), une photophobie avec gêne à la conduite la nuit et parfois une diplopie monoculaire.
Question 2 : La cause la plus probable du trouble présenté par le patient est :
Aucun rapport
Atteinte bilatérale et symétrique et argument de fréquence
Pas de diabète ou d’hypoparathyroïdie chez ce patient
Les facteurs de risque cardiovasculaire présentés par le patient ne sont pas à l’origine de sa cataracte...
Parmi les étiologies de cataracte, on trouve :
sénile : bilatérale et symétrique, la plus fréquente ++ ;
traumatique : contusion à globe fermé ou traumatisme perforant ;
métabolique : diabète ou hypoparathyroïdie ;
iatrogènes : corticoïdes, radiothérapie orbitaire... ;
génétique : trisomie 21... ;
congénitale ;
pathologies ophtalmologiques : myopie forte, uvéite chroniques, antécédents de chirurgie du segment postérieure (vitrectomie...).
Question 3 : Vous confirmez le diagnostic de cataracte par :
Cet examen est nécessaire dans le cadre du bilan pré-chirurgical
Cet examen est nécessaire dans le cadre du bilan pré-chirurgical
Le diagnostic est clinique
Une échographie en mode B peut être réalisée en cas de cataracte blanche avec fond d’œil inaccessible afin d’éliminer un décollement de rétine ou une tumeur intraoculaire.
Le patient bénéficie du traitement chirurgical de la cataracte avec succès. Un an plus tard, il revient vous voir car il présente de nouveau une baisse d’acuité visuelle bilatérale.
À l’examen, vous retrouvez une acuité visuelle de loin : OD 5/10e non améliorable avec correction, OG 4/10e non améliorable avec correction. L’acuité visuelle de près corrigé est de P10 à l’œil droit et P8 à l’œil gauche.
L’examen à la lampe à fente montre une cornée claire aux deux yeux, un test à la fluorescéine négatif, une chambre antérieure calme, un implant de la chirurgie de la cataracte aux deux yeux et une opacification de la capsule postérieure uniquement à l’œil gauche.
Le fond d’œil retrouve à droite un épaississement maculaire associé à des logettes maculaire, un vitré clair, pas de décollement de rétine, absence d’anomalie vasculaire et à gauche le fond d’œil est normal.
L’OCT maculaire retrouve des logettes à droite et est normal à gauche.
Question 4 : La cause de la baisse d’acuité visuelle de l’œil droit est :
Elle survient entre 2 et 7 jours post-chirurgie le plus souvent
La cornée est claire aux deux yeux
Logettes maculaires
L’opacification de la capsule postérieure est uniquement à gauche
Le vitré est clair
L’œdème maculaire cystoïde se manifeste essentiellement par une baisse d’acuité visuelle de près. Il n’y a pas d’opacification de la capsule postérieure à droite et la cornée est claire.
Question 5 : La cause de la baisse d’acuité visuelle de l’œil gauche est :
Cataracte secondaire = opacification de la capsule postérieure
OCT maculaire normal à gauche
Test à la fluorescéine négatif
Le vitré est clair, la chambre antérieur est calme
La cataracte secondaire ou opacification de la capsule postérieure est très fréquente et survient chez un patient sur deux dans les deux ans post-chirurgie de la cataracte.
Question 6 : Le traitement que vous allez mettre en place pour l’œil gauche est :
Aucun intérêt
Aucun rapport
Le traitement par laser permet d’ouvrir cette capsule opacifiée
Il s’agit du traitement du glaucome aigu par fermeture de l’angle donc aucun rapport
Le traitement de la cataracte secondaire (opacification de la capsule postérieure) est la capsulotomie postérieure au laser YAG sous anesthésie locale.
Vous prenez en charge ce patient. Il revient vous voir au cours d’une consultation de suivi.
À l’examen, l’acuité visuelle de loin sans correction est de 10/10 aux deux yeux.
Question 7 : Durant la consultation, vous réalisez la rétinophotographie suivante :
Les nodules cotonneux sont des lésions uniques ou multiples, blanches, de petite taille, superficielles, d’aspect duveteux et à contours flous.
Les drusen sont des lésions uniques ou multiples, blanches ou jaunes, de taille variable, profondes, localisées dans l’aire maculaire et à bords flous.
Les drusen correspondent à l’accumulation de résidus de la phagocytose des photorécepteurs par des cellules de l’épithélium pigmentaire.
Question 8 : Le diagnostic le plus probable devant ces lésions au fond d'œil est :
Présence de drusen au niveau du pôle postérieur
Il existe 3 stades de DMLA :
1) stade précoce : maculopathie liée à l’âge. Elle est caractérisée par la présence de drusen en région maculaire ;
2) stade atrophique : il est caractérisé par la disparition des cellules de l’épithélium pigmentaire, des photorécepteurs et évolue vers des lésions de la fovéa ;
3) stade exsudatif : il est caractérisé par des néovaisseaux choroïdiens.
Question 9 : Les facteurs de risque de dégénérescence maculaire liée à l’âge chez ce patient sont :
Le tabagisme augmente le risque de DMLA par 3 voire 5 chez le grand fumeur
Des antécédents familiaux multiplient le risque de DMLA par 3
Les trois facteurs de risque de DMLA sont l’âge, le tabac et l’hérédité.
Question 10 : Le traitement que vous allez mettre en place comprend :
Il vaut mieux éviter de faire du laser au niveau de la fovéola...
Il s’agit du traitement de la forme exsudative
Aucun intérêt dans la DMLA
L’étude AREDS 2 à montré un effet des compléments alimentaires en retardant l’évolution de la DMLA dans les formes très précoces.
Quelques mois plus tard, le patient revient consulter en urgence car il présente une baisse d’acuité visuelle brutale de près et de loin de l’œil gauche associée à une vision ondulée des lignes droites et une tache centrale.
L’examen retrouve :
– une acuité visuelle de loin corrigée de 10/10 P2 à l’œil droit et de 1/10 P14 à l’œil gauche ;
– la pression intraoculaire à l’air est de 18 mmHg aux deux yeux ;
– l’examen à la lampe à fente retrouve un œil blanc, indolore, une cornée claire, un test à la fluorescéine négatif, un implant de la chirurgie de la cataracte aux deux yeux. Le fond d’œil droit retrouve des drusen sans œdème maculaire, le fond d’œil gauche retrouve un œdème maculaire important, pas de signes de décollement de rétine.
Question 11 : Concernant la vision ondulée des lignes droites :
Il s’agit d’une sensation de « mouches volantes »
Il s’agit d’une altération de la vision des couleurs
Il s’agit d’éclairs lumineux
Les métamorphopsies orientent vers une pathologie maculaire. Grille d’Amsler :
Question 12 : Le diagnostic le plus probable pour son œil gauche est :
Le patient présente un syndrome maculaire avec une baisse d’acuité visuelle, des métamorphopsies et un scotome central.
La DMLA est la première cause de cécité après 50 ans dans les pays développés.
Question 13 : Les examens complémentaires à réaliser rapidement sont :
Recherche d’œdème maculaire ou de décollement exsudatif de la macula
Recherche de néovascularisation choroïdienne
L’OCT maculaire permet de visualiser un œdème maculaire, un néovaisseau choroïdien. Elle permet également de chercher un diagnostic différentiel (visualisation d’un décollement de rétine).
L’angiographie à la fluorescéine permet de confirmer la présence de néovaisseaux et leur localisation. Elle permet d’éliminer des diagnostics différentiels.
Il faut demander le consentement du patient après information sur les risques (allergie++).
Question 14 : La prise en charge ophtalmologique de ce patient repose sur :
Aucun rapport, pas de signes d’ischémie périphérique dans la DMLA
Utile dans la forme exsudative
Les IVT d’anti-VEGF doivent être réalisées le plus rapidement possible.
Elles seront répétées et une surveillance des néovaisseaux sera faite (FO et OCT maculaire++).
Les anti-VEGF sont à la fois angiostatiques et corrigent l’hyperperméabilité capillaire des néovaisseaux.
Finalement, le diagnostic de dégénérescence maculaire liée à l’âge de forme exsudative de l’œil gauche est confirmé. Vous mettez en place un traitement par injections intravitréennes d’anti-VEGF. Au début, l’acuité visuelle remonte mais quelques jours après la dernière injection, le patient revient vous voir pour douleur oculaire gauche associée à une baisse d’acuité visuelle sévère.
À l’examen ophtalmologique, vous retrouvez une acuité visuelle corrigée de l’œil droit de 10/10e P2, et de VBLM (voit bouger la main) de l’œil gauche.
La pression intraoculaire à l’air est de 18 mmHg aux deux yeux.
L’examen à la lampe à fente retrouve un œil droit blanc et indolore, une cornée claire, un test à la fluorescéine négatif, une chambre antérieure calme, un réflexe photomoteur normal et consensuel conservé, un implant de chambre postérieur. L’examen à gauche retrouve une hyperhémie conjonctivale diffuse, une cornée claire, un test à la fluorescéine négatif, un dépôt blanchâtre dans la partie inférieure de la chambre antérieure, un implant de chambre postérieur.
Le fond d’œil droit ne retrouve pas de hyalite, pas d’atteinte maculaire ou rétinienne, pas d’atteinte vasculaire et pas d’atteinte du nerf optique (rapport cup/disc = 0,3). À gauche, le fond d’œil est difficile du fait de la présence d’une hyalite, la rétine est à plat sur 360°.
Question 15 : Le diagnostic à redouter devant cette symptomatologie est :
Rétine à plat sur 360°
Test à la fluorescéine négatif
Secondaire à l’IVT (rare mais grave)
Absence d’œdème cornéen, PIO normal, pas de signes orientant vers un GAFA
Le traitement de la DMLA exsudative repose sur des injections intravitréennes répétées dans des conditions d’asepsie sous anesthésie topique.
Le risque d’endophtalmie post-IVT est d'environ 1/2 000.
Il s’agit d’une infection intraoculaire sévère qui peut compromettre la fonction visuelle définitivement.
Elle survient entre 2 et 7 jours post-chirurgie.
La prise en charge diagnostique comprend des prélèvements à visée bactériologique (vitré ou humeur aqueuse).
La prise en charge thérapeutique comprend :
– traitement topique en collyre : mydriatique et anti-inflammatoires stéroïdiens ;
– injections intravitréennes d’antibiotique synergique (ceftazidime + vancomycine) ;
– bi-antibiothérapie par voie générale : quinolones + imipénème ou fosfomycine.

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